La compagnie aérienne Ethiopian Airlines est-elle allée vite en besogne dans l'opération de rachat de sa consœur Arik Air, la première compagnie domestique privée du Nigéria ? C'est en tout cas ce que laisse transparaître l'évolution du processus de cession d'Arik Air qui vient de connaître un rebondissement de taille. Il y a quelques jours en effet, plusieurs responsables de la compagnie aérienne éthiopienne, l'un des plus importants opérateurs aériens du Continent, se sont dirigés vers les médias internationaux pour annoncer «des négociations avancées» avec les autorités nigérianes pour le rachat d'Arik Air.
Mais voilà que l'Asset Management Corporation of Nigeria (AMCON), l'organisme public en charge depuis février dernier de la gestion d'Arik Air qui était au bord de la faillite après plusieurs mois de turbulences, vient de mettre un pied dans le plat. Dans une mise au point adressé aux médias, le responsable de la communication de l'AMCON a tout simplement démenti toute discussion avec Ethiopian Airlines sur le rachat d'Arik Air.
«Notre attention a été attirée par un certain nombre d'articles dans les médias sur de prétendues discussions avec Ethiopian Airlines pour la reprise des activités d'Arik Air. Contrairement à ce qui est rapporté, la société de gestion d'actifs du Nigéria (AMCON) n'a connaissance d'aucune discussion ou négociation en cours avec la direction d'Ethiopian Airlines concernant Arik Air Limited».
Des propos qui contredisent directement ceux des officiels nigérians et éthiopiens tenus il y a moins d'une semaine. «Sur la base des termes et conditions fixés par le gouvernement du Nigéria, Ethiopian Airlines a soumis son offre de reprise d'Arik Air. Nous sommes en compétition avec d'autres compagnies aériennes et si nous parvenons à un accord, nous sommes prêts à prendre en charge la gestion de cette compagnie», avait ainsi déclaré à la chaîne américaine CNN, Esayas Weldemariam, directeur des Services internationaux d'Ethiopian Airlines. Des déclarations confirmées par la suite et sur le même chaîne par Godfrey Odudigbo, ministre plénipotentiaire à l'ambassade du Nigéria à Addis-Abeba, qui est allé jusqu'à dévoiler que le deal pourrait être conclu d'ici fin 2017.
Pour autant, la mise au point soulève plusieurs interrogations, car Ethiopian Airlines a bel et bien soumis son offre après l'appel international lancé par les autorités nigérianes pour la sélection d'un repreneur stratégique d'Arik Air. C'est en tout cas ce qu'a confirmé, en avril dernier la ministre nigériane des Finances, Kemi Adeosun, lors des discussions entre le gouvernement fédéral et la mission conjointe FMI-Banque mondiale sur le plan de relance économique du pays.
Adeosun a fait savoir que des négociations étaient en cours avec de potentiels investisseurs pour la reprise de la compagnie, tombée dans le giron de l'Etat après avoir connu plusieurs mois de turbulences qui l'ont drastiquement approchée de la faillite. Si la ministre nigériane n'a pas dévoilé le nom du potentiel repreneur, elle a toutefois avancé que les négociations étaient à un stade préliminaire : «Ils ont juste exprimé leur intérêt à acheter les compagnies aériennes et nous leur avons dit que nous cherchons cette opportunité».
Pourtant dans son communiqué, l'AMCON souligne que toute évolution dans le processus de recherche d'un repreneur conformément à l'appel d'offres lancé par les autorités fédérales sera portée à la connaissance des actionnaires, des créanciers et du public. A en croire la société, Arik Air est en train même de reprendre ses activités avec une nouvelle stratégie de gestion et commerciale qui porterait déjà ses fruits. La compagnie aurait également entamé le solde de ses dettes selon un nouvel échéancier fixé avec ses créanciers et elle aurait même amélioré ses prestations, à en croire l'AMCON.
Et c'est là justement où réside le nœud dans cette affaire. La réaction d'AMCON aux déclarations d'Ethiopian Airlines est loin d'être anodine. Selon une information exclusive de La Tribune Afrique, c'est la pression d'investisseurs privés nigérians qui expliquerait ce qui ressemble fort bien à une volte-face. En clair, au vu de son poids sur le marché local et les perspectives régionales, des hommes d'affaires nigérians, dont d'anciens actionnaires de la compagnie, ont manifesté leur intérêt à se porter repreneur de ce qui est considéré comme un fleuron national. D'autant plus que selon nos sources, le Nigéria n'a pas encore de compagnie aérienne nationale digne de ce nom, ce qui reste paradoxal pour l'une des principales économies du Continent. Le gouvernement fédéral nigérian a fait d'ailleurs part de son intention de lancer un pavillon public dans les prochaines années.
Au départ, l'administration Buhari voulait relancer les activités de l'ancienne compagnie nationale Nigérian Airways, clouée au sol depuis plus de cinq ans, et avait même sollicité l'expertise de l'opérateur éthiopien. Sauf que la décision n'a pas été concrétisée au vu de la conjoncture que traverse l'économie nigériane. Avec le retour à la normale des activités de la première compagnie privée du pays, les investisseurs locaux y voient aujourd'hui une opportunité de relancer Arik Air à travers une nouvelle stratégie portée par des intérêts publics et privés, mais locaux. Des velléités aux relents patriotiques amplifiées par la peur d'une domination de la compagnie éthiopienne sur le marché africain, particulièrement la zone CEDEAO, un marché stratégique sur lequel Ethiopian Airlines s'est déjà bien positionnée avec ses partenaires, notamment Asky Airlines qui opère à partir de son hub de Lomé sur le marché régional et dans le tour de table de laquelle, la compagnie éthiopienne est l'un des principaux actionnaires de référence.
La pression des investisseurs nationaux semble visiblement porter ses fruits et si rien n'est encore décidé au niveau du gouvernement, l'appétit des intérêts locaux risque de contrecarrer les ambitions d'Ethiopian Airlines pour Arik Air.
Afrique.latribune.fr
Mais voilà que l'Asset Management Corporation of Nigeria (AMCON), l'organisme public en charge depuis février dernier de la gestion d'Arik Air qui était au bord de la faillite après plusieurs mois de turbulences, vient de mettre un pied dans le plat. Dans une mise au point adressé aux médias, le responsable de la communication de l'AMCON a tout simplement démenti toute discussion avec Ethiopian Airlines sur le rachat d'Arik Air.
«Notre attention a été attirée par un certain nombre d'articles dans les médias sur de prétendues discussions avec Ethiopian Airlines pour la reprise des activités d'Arik Air. Contrairement à ce qui est rapporté, la société de gestion d'actifs du Nigéria (AMCON) n'a connaissance d'aucune discussion ou négociation en cours avec la direction d'Ethiopian Airlines concernant Arik Air Limited».
Des propos qui contredisent directement ceux des officiels nigérians et éthiopiens tenus il y a moins d'une semaine. «Sur la base des termes et conditions fixés par le gouvernement du Nigéria, Ethiopian Airlines a soumis son offre de reprise d'Arik Air. Nous sommes en compétition avec d'autres compagnies aériennes et si nous parvenons à un accord, nous sommes prêts à prendre en charge la gestion de cette compagnie», avait ainsi déclaré à la chaîne américaine CNN, Esayas Weldemariam, directeur des Services internationaux d'Ethiopian Airlines. Des déclarations confirmées par la suite et sur le même chaîne par Godfrey Odudigbo, ministre plénipotentiaire à l'ambassade du Nigéria à Addis-Abeba, qui est allé jusqu'à dévoiler que le deal pourrait être conclu d'ici fin 2017.
Cafouillage dans le processus de rachat
Le démenti de l'AMCON constitue donc un véritable revers pour Ethiopian Airlines qui était sur le point de conclure une affaire en or, au vu de son positionnement et de la taille du marché domestique nigérian, le plus grand du Continent et sur lequel Arik Air assurait plus de 60% des vols en plus d'autres destinations rentables comme Johannesburg ou Londres.Pour autant, la mise au point soulève plusieurs interrogations, car Ethiopian Airlines a bel et bien soumis son offre après l'appel international lancé par les autorités nigérianes pour la sélection d'un repreneur stratégique d'Arik Air. C'est en tout cas ce qu'a confirmé, en avril dernier la ministre nigériane des Finances, Kemi Adeosun, lors des discussions entre le gouvernement fédéral et la mission conjointe FMI-Banque mondiale sur le plan de relance économique du pays.
Adeosun a fait savoir que des négociations étaient en cours avec de potentiels investisseurs pour la reprise de la compagnie, tombée dans le giron de l'Etat après avoir connu plusieurs mois de turbulences qui l'ont drastiquement approchée de la faillite. Si la ministre nigériane n'a pas dévoilé le nom du potentiel repreneur, elle a toutefois avancé que les négociations étaient à un stade préliminaire : «Ils ont juste exprimé leur intérêt à acheter les compagnies aériennes et nous leur avons dit que nous cherchons cette opportunité».
Pourtant dans son communiqué, l'AMCON souligne que toute évolution dans le processus de recherche d'un repreneur conformément à l'appel d'offres lancé par les autorités fédérales sera portée à la connaissance des actionnaires, des créanciers et du public. A en croire la société, Arik Air est en train même de reprendre ses activités avec une nouvelle stratégie de gestion et commerciale qui porterait déjà ses fruits. La compagnie aurait également entamé le solde de ses dettes selon un nouvel échéancier fixé avec ses créanciers et elle aurait même amélioré ses prestations, à en croire l'AMCON.
Arik Air toujours à vendre, mais pas à un repreneur étranger
Alors Arik Air n'est plus à vendre ? Pas vraiment, si l'on tient compte des difficultés financières auxquelles elle est toujours confrontée et surtout des prérogatives de l'AMCON, un organisme créé en 2010 par le gouvernement nigérian pour gérer les dettes de l'Etat. L'AMCON n'est pas donc appelé à continuer à se charger de la tutelle d'Arik qui va devoir trouver un repreneur une fois que sa situation se stabilise.Et c'est là justement où réside le nœud dans cette affaire. La réaction d'AMCON aux déclarations d'Ethiopian Airlines est loin d'être anodine. Selon une information exclusive de La Tribune Afrique, c'est la pression d'investisseurs privés nigérians qui expliquerait ce qui ressemble fort bien à une volte-face. En clair, au vu de son poids sur le marché local et les perspectives régionales, des hommes d'affaires nigérians, dont d'anciens actionnaires de la compagnie, ont manifesté leur intérêt à se porter repreneur de ce qui est considéré comme un fleuron national. D'autant plus que selon nos sources, le Nigéria n'a pas encore de compagnie aérienne nationale digne de ce nom, ce qui reste paradoxal pour l'une des principales économies du Continent. Le gouvernement fédéral nigérian a fait d'ailleurs part de son intention de lancer un pavillon public dans les prochaines années.
Au départ, l'administration Buhari voulait relancer les activités de l'ancienne compagnie nationale Nigérian Airways, clouée au sol depuis plus de cinq ans, et avait même sollicité l'expertise de l'opérateur éthiopien. Sauf que la décision n'a pas été concrétisée au vu de la conjoncture que traverse l'économie nigériane. Avec le retour à la normale des activités de la première compagnie privée du pays, les investisseurs locaux y voient aujourd'hui une opportunité de relancer Arik Air à travers une nouvelle stratégie portée par des intérêts publics et privés, mais locaux. Des velléités aux relents patriotiques amplifiées par la peur d'une domination de la compagnie éthiopienne sur le marché africain, particulièrement la zone CEDEAO, un marché stratégique sur lequel Ethiopian Airlines s'est déjà bien positionnée avec ses partenaires, notamment Asky Airlines qui opère à partir de son hub de Lomé sur le marché régional et dans le tour de table de laquelle, la compagnie éthiopienne est l'un des principaux actionnaires de référence.
La pression des investisseurs nationaux semble visiblement porter ses fruits et si rien n'est encore décidé au niveau du gouvernement, l'appétit des intérêts locaux risque de contrecarrer les ambitions d'Ethiopian Airlines pour Arik Air.
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