Certains néologismes en disent long sur l’espoir que suscitent ces nouvelles technologies : « uberisation » (l'utilisation de services permettant aux professionnels et aux clients de se mettre en contact direct et réduire les coûts), « leapfrog » (littéralement saut de grenouille, pour illustrer une accélération extrême) ou encore « M-dorado », le paradis du tout-numérique, où les services financiers numériques (SFN) seraient plus que des solutions, un mode de vie tout simplement.
Où en sont les SFN en Afrique de l’ouest, sur la route de ce tout-numérique ?
2017, quel cru pour les services financiers digitaux?
Dans son rapport annuel sur les services financiers via la téléphonie mobile – 2016 publié en 2017, la BCEAO reportait 36,5 millions de souscripteurs de compte de portemonnaie électronique dans l'Union… environ 2 millions d'opérations ont été traitées en moyenne par jour… La valeur de ces transactions s'est élevée à 11.500 milliards de francs CFA.
Au niveau des fournisseurs de services, même si le marché reste dominé par les offres des opérateurs de téléphonie mobile tels MTN, Orange, Etisalat, les banques régionales insufflent désormais une nouvelle dynamique sur le marché. En effet, les portefeuilles mobiles Xpress Account de Ecobank et Yup de Société Générale, la mise en place de réseaux d’agents, les investissements sur le paiement marchand à travers les technologies sans contact NFC et QR codes, sont autant de signes que les banques ont décidé d’investir un segment de marché – le Bottom of the Pyramide BOP, ou encore les couches vulnérables- qui jusque-là ne figurait pas parmi leurs cibles prioritaires.
Même les institutions de microfinance explorent aussi l’utilisation des technologies mobiles pour une meilleure proximité des services qu’ils offrent à leurs clients. Cette nouvelle approche explique l’utilisation de tablettes pour desservir les groupes d’épargne ou encore les partenariats entre institutions de microfinance et émetteurs de monnaie électronique pour digitaliser la collecte de l’épargne et le remboursement des crédits sur le mobile. C’est le cas de CAURIE-MF au Sénégal, ALIDE au Bénin, Advans Microfinance en Côte d’Ivoire… et de l’unique développement d’un réseau d’agents bancaires dans la région par Microcred Sénégal.
Et il y a la révolution des fintechs, ces nouveaux acteurs qui déploient la technologie pour améliorer les services financiers. Petits Poucets dans l’écosystème de fournisseurs de SFN, les fintechs sont assurément celles qui innovent le plus, en offrant l’agrégation de paiements et/ou de réseaux de distribution, des plateformes m-Agri d’information et de connexion entre acheteurs et producteurs pour le monde agricole, des plateformes de santé m-health ou encore la m-éducation. Des exemples comme INTOUCH, m-Louma, jokko santé, LIFI-LED, etc se font de plus en plus connaitre en Afrique de l’Ouest.
Quid de l’adoption de ces offres par le client ?
Pour que la révolution des SFN s’accélère en Afrique de l’ouest, il faut d’abord que ceux-ci démontrent leur valeur ajoutée aux usagers, à tous les usagers. Quels sont les points communs entre Khadi, vendeuse de vivres au marché de Fada Ngourma au Burkina Faso, Cheick, petit producteur d’arachides dans les Niayes au Sénégal, Dorcas, vendeuse de tissus au marché d’Antokpa au Bénin, ou encore Fatou, gérante de maquis à Abengourou en Côte d’Ivoire ? Ils disposent d’un téléphone portable -pas forcément le dernier cri de smartphone, fonctionnel et avec lequel ils peuvent communiquer, et faire bien plus grâce aux SFN. Ils sont également des oubliés du système financier traditionnel. Pourtant, Kadi aurait pu, grâce à son portefeuille électronique, payer ses fournisseurs, être réglée par ses clients, verser la traite de son prêt, prépayer sa consommation d’électricité, et payer la course en taxi pour rentrer chez elle. Ces options ne sont-elles pas mieux pour elle que de vieux billets de banques, souvent sales, faciles à perdre ou à voler ?
Chose étrange, même si les usagers comme Khadi reconnaissent le potentiel des SFN, ils ne sont pas encore prêts à complètement migrer vers le numériques.
Il y a peut-être une raison à cela, et elle tient en un mot : écosystème. En effet, l’existence d’un écosystème permettant l’accès à des points de vente qui acceptent les paiements numériques est peut-être l’atout qui augmenterait l’adoption des SFN. Le Kenya l’a démontré : avec un écosystème, l’expansion des SFN relève presque du naturel.
Les avancées de 2017 sont prometteuses pour l’Afrique de l’Ouest. Mais nous sommes encore loin du dynamisme des marchés de l’Est. A quand l’épargne et les services financiers bancaires sur le mobile ? Ou encore le crédit digital et l’épargne rémunérée sur le mobile ? A quand le paiement à tempérament de kits solaires, de foyers améliorés, de contenu éducationnel par portemonnaie électronique ? A quand l’interopérabilité des services dans la sous-région ? La révolution numérique est clairement en marche. Il s’agit maintenant de l’accélérer, grâce à la contribution des régulateurs, des législateurs, des politiques, des chercheurs et des investisseurs et opérateurs privés.
Sabine Mensah, Spécialiste Technique Régionale
Où en sont les SFN en Afrique de l’ouest, sur la route de ce tout-numérique ?
2017, quel cru pour les services financiers digitaux?
Dans son rapport annuel sur les services financiers via la téléphonie mobile – 2016 publié en 2017, la BCEAO reportait 36,5 millions de souscripteurs de compte de portemonnaie électronique dans l'Union… environ 2 millions d'opérations ont été traitées en moyenne par jour… La valeur de ces transactions s'est élevée à 11.500 milliards de francs CFA.
Au niveau des fournisseurs de services, même si le marché reste dominé par les offres des opérateurs de téléphonie mobile tels MTN, Orange, Etisalat, les banques régionales insufflent désormais une nouvelle dynamique sur le marché. En effet, les portefeuilles mobiles Xpress Account de Ecobank et Yup de Société Générale, la mise en place de réseaux d’agents, les investissements sur le paiement marchand à travers les technologies sans contact NFC et QR codes, sont autant de signes que les banques ont décidé d’investir un segment de marché – le Bottom of the Pyramide BOP, ou encore les couches vulnérables- qui jusque-là ne figurait pas parmi leurs cibles prioritaires.
Même les institutions de microfinance explorent aussi l’utilisation des technologies mobiles pour une meilleure proximité des services qu’ils offrent à leurs clients. Cette nouvelle approche explique l’utilisation de tablettes pour desservir les groupes d’épargne ou encore les partenariats entre institutions de microfinance et émetteurs de monnaie électronique pour digitaliser la collecte de l’épargne et le remboursement des crédits sur le mobile. C’est le cas de CAURIE-MF au Sénégal, ALIDE au Bénin, Advans Microfinance en Côte d’Ivoire… et de l’unique développement d’un réseau d’agents bancaires dans la région par Microcred Sénégal.
Et il y a la révolution des fintechs, ces nouveaux acteurs qui déploient la technologie pour améliorer les services financiers. Petits Poucets dans l’écosystème de fournisseurs de SFN, les fintechs sont assurément celles qui innovent le plus, en offrant l’agrégation de paiements et/ou de réseaux de distribution, des plateformes m-Agri d’information et de connexion entre acheteurs et producteurs pour le monde agricole, des plateformes de santé m-health ou encore la m-éducation. Des exemples comme INTOUCH, m-Louma, jokko santé, LIFI-LED, etc se font de plus en plus connaitre en Afrique de l’Ouest.
Quid de l’adoption de ces offres par le client ?
Pour que la révolution des SFN s’accélère en Afrique de l’ouest, il faut d’abord que ceux-ci démontrent leur valeur ajoutée aux usagers, à tous les usagers. Quels sont les points communs entre Khadi, vendeuse de vivres au marché de Fada Ngourma au Burkina Faso, Cheick, petit producteur d’arachides dans les Niayes au Sénégal, Dorcas, vendeuse de tissus au marché d’Antokpa au Bénin, ou encore Fatou, gérante de maquis à Abengourou en Côte d’Ivoire ? Ils disposent d’un téléphone portable -pas forcément le dernier cri de smartphone, fonctionnel et avec lequel ils peuvent communiquer, et faire bien plus grâce aux SFN. Ils sont également des oubliés du système financier traditionnel. Pourtant, Kadi aurait pu, grâce à son portefeuille électronique, payer ses fournisseurs, être réglée par ses clients, verser la traite de son prêt, prépayer sa consommation d’électricité, et payer la course en taxi pour rentrer chez elle. Ces options ne sont-elles pas mieux pour elle que de vieux billets de banques, souvent sales, faciles à perdre ou à voler ?
Chose étrange, même si les usagers comme Khadi reconnaissent le potentiel des SFN, ils ne sont pas encore prêts à complètement migrer vers le numériques.
Il y a peut-être une raison à cela, et elle tient en un mot : écosystème. En effet, l’existence d’un écosystème permettant l’accès à des points de vente qui acceptent les paiements numériques est peut-être l’atout qui augmenterait l’adoption des SFN. Le Kenya l’a démontré : avec un écosystème, l’expansion des SFN relève presque du naturel.
Les avancées de 2017 sont prometteuses pour l’Afrique de l’Ouest. Mais nous sommes encore loin du dynamisme des marchés de l’Est. A quand l’épargne et les services financiers bancaires sur le mobile ? Ou encore le crédit digital et l’épargne rémunérée sur le mobile ? A quand le paiement à tempérament de kits solaires, de foyers améliorés, de contenu éducationnel par portemonnaie électronique ? A quand l’interopérabilité des services dans la sous-région ? La révolution numérique est clairement en marche. Il s’agit maintenant de l’accélérer, grâce à la contribution des régulateurs, des législateurs, des politiques, des chercheurs et des investisseurs et opérateurs privés.
Sabine Mensah, Spécialiste Technique Régionale