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La jeunesse africaine œuvre contre le chômage

Mardi 21 Novembre 2017

Les jeunes Africains sont aujourd’hui nombreux à s’expatrier au sein même du continent. Cet important flux migratoire, qui exerce une pression économique et sociale sur les pays africains d’accueil, s’explique en grande partie par des facteurs tels que la pauvreté, l’instabilité et les catastrophes naturelles. Mais la première cause de cette migration réside dans une difficulté rencontrée partout à travers le monde : l’incapacité à trouver du travail à proximité de chez soi.


Ces dix dernières années, de nombreux pays africains ont enregistré une importante croissance de leur PIB. Seulement voilà, cette richesse supplémentaire ne s’est pas concrétisée sous la forme de nouveaux emplois.             En effet, 70 % des travailleurs d’Afrique sub-saharienne opèrent encore dans un secteur non organisé, gagnant leur vie grâce à de petites exploitations agricoles, au commerce de rue ou à des tâches domestiques, plutôt qu’à des postes de salariés.
Les jeunes Africains sont les plus durement frappés par ces tendances de chômage et de sous-emploi. Or, ce sont également eux qui détiennent les clés du moteur d’un marché du travail africain en difficulté.
D’ici 2030, plus de 120 millions de jeunes  entreront sur le marché du travail africain. Pour créer suffisamment d’emplois stables, l’Afrique devra améliorer ses systèmes d’éducation, développer l’accès aux services financiers, promouvoir la participation civique, et mettre en place des filets de sécurité sociale. L’un des plus forts impacts surviendra néanmoins quand les jeunes Africains pourront pleinement prendre part à l’entreprenariat. Avec un soutien adapté, les plus jeunes demandeurs d’emploi du continent pourront propulser la croissance des emplois sur une trajectoire favorable.
À bien des égards, la jeunesse africaine fait d’ores et déjà face à ce défi. Les jeunes de la génération actuelle sont plus instruites que leurs parents, et vivent dans des pays qui ont bénéficié d’un développement rapide et étendu, avec notamment un meilleur accès à l’information, aux produits financiers, et autres services liés aux affaires. Les jeunes d’Afrique nourrissent de grandes ambitions, et entendent façonner l’avenir de leur pays.
Malheureusement, l’entreprenariat y est souvent considéré comme une voie de dernier recours. Si les jeunes Africains fournissent ou vendent des produits sur les marchés, ce n’est pas parce qu’ils le veulent, mais parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Ils combinent bien souvent ce travail indépendant avec d’autres missions saisonnières, temporaires ou à temps partiel. Leur objectif se limite à joindre les deux bouts, pas à lancer leur carrière.
Les choses sont néanmoins en train de changer. Aujourd’hui, un certain nombre de jeunes Africains leaders dans le monde des affaires émergent et s’attaquent à des problèmes complexes, créant au passage des emplois pour la jeunesse du continent. Les success stories abondent. Au Kenya, Munyutu Waigi et Ivan Mbowa ont fondé ensemble Umati Capital, une plateforme financière numérique qui aide les entreprises de transformation, négociants et coopératives du secteur agricole à accéder aux fonds nécessaires pour développeur leurs activités. Waigi and Mbowa ont vu leurs efforts récompensés en remportant en 2015 le Prix Zambezi, qui honore les approches innovantes de promotion de l’inclusion financière.
Au Ghana, Mabel Suglo  a cofondé Eco-Shoes, une entreprise qui aide les artistes handicapés à créer des chaussures et accessoires à la mode, à partir de pneus usagés et tissus recyclés. En 2015, le Prix Anzisha, issu d’une initiative conjointe de l’African Leadership Academy  sud-africaine et de la Mastercard Foundation, a été décerné à Suglo pour sa stratégie d’entreprise innovante. La lauréate guide ses cinq employés dans le développement de produits, l’alphabétisation financière, et son entreprise est aujourd’hui en pleine croissance.
En Afrique du Sud, Marlon Parker, fondateur de l’académie d’innovation sociale et incubateur RLabs, a créé une monnaie virtuelle appelée Zlato, pour encourager une participation active à des ateliers de formation aux compétences professionnelles. En participants aux cours, en accédant aux ordinateurs ou en réservant des salles dans les cafés RLabs, les jeunes accumulent du crédit Zlato, qu’ils peuvent ensuite échanger contre de la nourriture, des soins médicaux, et autres services essentiels. Depuis son lancement en 2008, RLabs a créé plusieurs dizaines de milliers d’emplois, et opère désormais dans 24 pays.
Ainsi, les jeunes entrepreneurs Africains élaborent non seulement les moyens de gagner leur vie et de contribuer à leur communauté, mais s’attaquent également à la principale cause des migrations sur le continent et au-delà. Les entrepreneurs soutenus par le Prix Anzisha, par exemple, ont créé plus de 300 emplois, et généré plus de 850 000 $ de capital. De même, les jeunes soutenus par Ashoka, autre organisation appuyée par la Mastercard Foundation, ont créé un nombre impressionnant de 200 000 emplois.
L’efficacité avec laquelle ces jeunes créent des emplois au travers de ces entreprises confère beaucoup d’espoir pour l’avenir. Ces Africains brillants et talentueux font preuve de la ténacité nécessaire pour surmonter les obstacles et contribuer au bien-être de leur famille, de leur communauté et de leur pays.
Ce n’est pas une surprise. Partout dans le monde, les jeunes sont au plus près des défis auxquels leur génération est confrontée, et trouvent bien souvent les solutions aux problèmes qui les affectent le plus. Nous devons les soutenir. À l’heure où de nombreux jeunes Africains se préparent à entrer sur le marché du travail, une création d’emplois suffisante exigera le développement continu de l’entreprenariat. Car c’est l’emploi qui maintiendra les jeunes sur le continent Africain pour les générations à venir.
Traduit de l’anglais par Martin Morel
Meredith Lee est directrice adjointe du programme Youth Livelihoods de la Mastercard Foundation.
 


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