Donald Trump n’a eu cesse de le répéter: les relations commerciales entre la Chine et le pays dont il est devenu le président, sont inégales et, quoi qu’on pense du personnage, il faut reconnaître que les chiffres lui donnent raison. En effet, de -6 milliards $ en 1985, le déficit commercial américain sur la Chine a atteint -375,5 milliards $ à la fin de l’année 2017.
Donald Trump n’a eu cesse de le répéter: les relations commerciales entre la Chine et le pays dont il est devenu le président, sont inégales et, quoi qu’on pense du personnage, il faut reconnaître que les chiffres lui donnent raison.
Dans beaucoup de médias africains, le sujet est traité comme de l’actualité étrangère et mis à part l’Afrique du Sud, le problème ne semble pas inquiéter outre-mesure les opinions publiques de la région, pourtant le danger est notre porte...
Aux origines de la nouvelle guerre commerciale, l’émergence chinoise
La nouvelle guerre commerciale qui fait actuellement rage dans le monde, a débuté bien avant l’arrivée du président Donald Trump à la tête des USA. Dans son rapport 2017 sur le commerce intra-africain, la banque africaine d’import-export avertissait déjà contre la multiplication de barrières, dans un monde où l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) prône le démantèlement des frontières commerciales.
Le document révélait qu’entre 2010 et 2016, l'encours des mesures restrictives au commerce est passé de 464 à 2228, dont 57% mises en œuvre par des pays du G20. Or, selon l'OMC, à partir de la crise financière de 2008, ce groupe qui compte les 19 pays les plus puissants économiquement, en plus de l'Union européenne, ont implémenté l'équivalent de 4 barrières au commerce chaque semaine, jusqu'à la mi-octobre 2016.
Si le nom de la Chine n’est pas directement cité dans les rapports, son ombre plane dans la guerre commerciale en cours. Le fait est que ce pays, en tête d’autres pays émergents, a semé la panique sur le marché mondial. Son économie a développé une capacité exceptionnelle à produire des biens de qualité à très faibles coûts dont sont friands, notamment, les ménages et les entreprises américaines, toujours en quête de réaliser des marges et des économies.
Le fait est que la Chine, en tête d’autres pays émergents, a semé la panique sur le marché mondial. Son économie a développé une capacité exceptionnelle à produire des biens de qualité à très faibles coûts.
Ainsi la guerre commerciale de Donald Trump est portée sur trois fronts. Il veut tout d’abord réduire le déficit commercial entre son pays et la Chine. Puis bloquer le transfert de technologie par des compagnies américaines à des entreprises chinoises, les privant ainsi d’accéder à l’innovation et la compétitivité à moindre coût. Enfin il souhaite que la Chine arrête de brider sa devise qu’il juge à un niveau artificiellement bas, afin que ses produits soient moins compétitifs sur le marché international.
Une réduction du déficit qui tarde à se concrétiser dans les relations commerciale Chine-US
Les premières mesures de l’administration américaine contre la Chine ne semblent pas porter de grands fruits. Sur les 7 premiers mois de 2018, le déficit commercial Chine-US a déjà atteint 222,5 milliards $. Pourtant, le président américain prévoit d’aller plus loin, dépassant même tout sens de la logique.
En effet, il envisage d’introduire de nouveaux droits de douanes sur 267 milliards d’importations supplémentaires en provenance de la Chine. Cela porterait à 517 milliards $ le volume global des produits chinois taxés à l’entrée du marché américain. Un chiffre largement au-dessus des 505 milliards d’exportations chinoises vers les Etats-Unis en 2017.
Sur les 7 premiers mois de 2018, le déficit commercial Chine-US a déjà atteint 222,5 milliards $. Pourtant, le président américain prévoit d’aller plus loin, dépassant même tout sens de la logique.
Plusieurs analyses estiment déjà que l’action du président Donald Trump n’aura que peu d’effet. Intervenant dans le cadre d’un colloque récemment organisé à Douala sur l’industrialisation de l’Afrique, Julien Marcilly, économiste en chef de la COFACE (Compagnie Française Assurance du Commerce Extérieur), expliquait que les facteurs de production sont si bas en Chine, que les produits de ce pays devraient demeurer compétitifs sur le marché américain, même si, au passage l’administration américaine en charge de la trésorerie publique, captera des recettes supplémentaires.
Cette position n’est pas loin de celle d’autres analystes qui vont même jusqu’à penser que cette nouvelle guerre commerciale est contre-productive pour les rêves de grandeur de Donald Trump. Le niveau record des importations mensuelles (47 milliards $) atteint au cours du mois de juillet 2018, aurait tendance à démontrer que les nouvelles taxes douanières contre les produits chinois, n’empêchent pas les Américains de toujours les acheter.
L’histoire semble aussi une excellente conseillère. La hausse des tarifs imposée en 2002 par l’ancien président George W. Bush pour protéger son pays des importations d’acier, avait entraîné un affaiblissement du produit intérieur brut américain, selon la Commission américaine du commerce international. On note aussi des données des archives, que les salaires des travailleurs ont chuté dans l’ensemble de l’économie et les investisseurs ont constaté une baisse des rendements du capital. Suite à cette mesure de « protection », environ 200 000 emplois ont été perdus.
L’Afrique observatrice, mais pas épargnée
Pour l’Afrique, les conséquences peuvent être de plusieurs ordres, dont l’un purement commercial, et l’autre sur le plan financier et monétaire. Au plan commercial, une des implications serait de voir le commerce Chine-Afrique s’accroître, avec la possibilité d’acquérir davantage de bien à moindre coûts. La Chine en effet aura besoin de maintenir et même d’accroître ses ventes à l’international, afin d’assurer un niveau de vie confortable à ses 1,4 milliard d’habitants. Ce qui serait perdu aux USA pourrait être récupéré en partie sur le continent africain.
Toutefois, l’économiste kényane Hannah Ryder, dans une tribune libre sur la question, estime qu’un des enjeux de cette guerre commerciale, c’est justement que l’escalade de barrières tarifaires entre la Chine et les USA, entraînera une hausse des prix de produits manufacturés sur les marchés africains, largement dépendant des importations.
Par ailleurs, elle soulève le fait, que la nouvelle de guerre de l’acier, heurtera encore les produits des minerais comme le fer, qui perdra en compétitivité sur le marché mondial.
L’économiste kényane Hannah Ryder estime qu’un des enjeux de cette guerre commerciale, c’est justement que l’escalade de barrières tarifaires entre la Chine et les USA, entraînera une hausse des prix de produits manufacturés sur les marchés africains
Sur le plan purement monétaire, le risque le plus évident est celui d’une inflation au sein de l’économie américaine. Si les ménages américains doivent payer plus cher pour acquérir certains biens, notamment en provenance de la Chine, cela risque de créer un cycle vicieux de hausse des prix et, en réaction à cette inflation, il y a un risque de hausses des taux par la réserve fédérale (banque centrale américaine).
Or pour faire face à la crise des matières premières de 2015 et 2016, de nombreux pays d’Afrique ont eu un recours massif à des emprunts extérieurs, et d’autres, en plus, ont procédé à des ajustements monétaires via des dévaluations. Une forte hausse des taux au sein de l’économie américaine, risque ainsi d’accentuer la fuite des capitaux, et de détériorer la situation extérieure déjà fragile des pays de la région.
Agenceecofin.com
Donald Trump n’a eu cesse de le répéter: les relations commerciales entre la Chine et le pays dont il est devenu le président, sont inégales et, quoi qu’on pense du personnage, il faut reconnaître que les chiffres lui donnent raison.
Dans beaucoup de médias africains, le sujet est traité comme de l’actualité étrangère et mis à part l’Afrique du Sud, le problème ne semble pas inquiéter outre-mesure les opinions publiques de la région, pourtant le danger est notre porte...
Aux origines de la nouvelle guerre commerciale, l’émergence chinoise
La nouvelle guerre commerciale qui fait actuellement rage dans le monde, a débuté bien avant l’arrivée du président Donald Trump à la tête des USA. Dans son rapport 2017 sur le commerce intra-africain, la banque africaine d’import-export avertissait déjà contre la multiplication de barrières, dans un monde où l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) prône le démantèlement des frontières commerciales.
Le document révélait qu’entre 2010 et 2016, l'encours des mesures restrictives au commerce est passé de 464 à 2228, dont 57% mises en œuvre par des pays du G20. Or, selon l'OMC, à partir de la crise financière de 2008, ce groupe qui compte les 19 pays les plus puissants économiquement, en plus de l'Union européenne, ont implémenté l'équivalent de 4 barrières au commerce chaque semaine, jusqu'à la mi-octobre 2016.
Si le nom de la Chine n’est pas directement cité dans les rapports, son ombre plane dans la guerre commerciale en cours. Le fait est que ce pays, en tête d’autres pays émergents, a semé la panique sur le marché mondial. Son économie a développé une capacité exceptionnelle à produire des biens de qualité à très faibles coûts dont sont friands, notamment, les ménages et les entreprises américaines, toujours en quête de réaliser des marges et des économies.
Le fait est que la Chine, en tête d’autres pays émergents, a semé la panique sur le marché mondial. Son économie a développé une capacité exceptionnelle à produire des biens de qualité à très faibles coûts.
Ainsi la guerre commerciale de Donald Trump est portée sur trois fronts. Il veut tout d’abord réduire le déficit commercial entre son pays et la Chine. Puis bloquer le transfert de technologie par des compagnies américaines à des entreprises chinoises, les privant ainsi d’accéder à l’innovation et la compétitivité à moindre coût. Enfin il souhaite que la Chine arrête de brider sa devise qu’il juge à un niveau artificiellement bas, afin que ses produits soient moins compétitifs sur le marché international.
Une réduction du déficit qui tarde à se concrétiser dans les relations commerciale Chine-US
Les premières mesures de l’administration américaine contre la Chine ne semblent pas porter de grands fruits. Sur les 7 premiers mois de 2018, le déficit commercial Chine-US a déjà atteint 222,5 milliards $. Pourtant, le président américain prévoit d’aller plus loin, dépassant même tout sens de la logique.
En effet, il envisage d’introduire de nouveaux droits de douanes sur 267 milliards d’importations supplémentaires en provenance de la Chine. Cela porterait à 517 milliards $ le volume global des produits chinois taxés à l’entrée du marché américain. Un chiffre largement au-dessus des 505 milliards d’exportations chinoises vers les Etats-Unis en 2017.
Sur les 7 premiers mois de 2018, le déficit commercial Chine-US a déjà atteint 222,5 milliards $. Pourtant, le président américain prévoit d’aller plus loin, dépassant même tout sens de la logique.
Plusieurs analyses estiment déjà que l’action du président Donald Trump n’aura que peu d’effet. Intervenant dans le cadre d’un colloque récemment organisé à Douala sur l’industrialisation de l’Afrique, Julien Marcilly, économiste en chef de la COFACE (Compagnie Française Assurance du Commerce Extérieur), expliquait que les facteurs de production sont si bas en Chine, que les produits de ce pays devraient demeurer compétitifs sur le marché américain, même si, au passage l’administration américaine en charge de la trésorerie publique, captera des recettes supplémentaires.
Cette position n’est pas loin de celle d’autres analystes qui vont même jusqu’à penser que cette nouvelle guerre commerciale est contre-productive pour les rêves de grandeur de Donald Trump. Le niveau record des importations mensuelles (47 milliards $) atteint au cours du mois de juillet 2018, aurait tendance à démontrer que les nouvelles taxes douanières contre les produits chinois, n’empêchent pas les Américains de toujours les acheter.
L’histoire semble aussi une excellente conseillère. La hausse des tarifs imposée en 2002 par l’ancien président George W. Bush pour protéger son pays des importations d’acier, avait entraîné un affaiblissement du produit intérieur brut américain, selon la Commission américaine du commerce international. On note aussi des données des archives, que les salaires des travailleurs ont chuté dans l’ensemble de l’économie et les investisseurs ont constaté une baisse des rendements du capital. Suite à cette mesure de « protection », environ 200 000 emplois ont été perdus.
L’Afrique observatrice, mais pas épargnée
Pour l’Afrique, les conséquences peuvent être de plusieurs ordres, dont l’un purement commercial, et l’autre sur le plan financier et monétaire. Au plan commercial, une des implications serait de voir le commerce Chine-Afrique s’accroître, avec la possibilité d’acquérir davantage de bien à moindre coûts. La Chine en effet aura besoin de maintenir et même d’accroître ses ventes à l’international, afin d’assurer un niveau de vie confortable à ses 1,4 milliard d’habitants. Ce qui serait perdu aux USA pourrait être récupéré en partie sur le continent africain.
Toutefois, l’économiste kényane Hannah Ryder, dans une tribune libre sur la question, estime qu’un des enjeux de cette guerre commerciale, c’est justement que l’escalade de barrières tarifaires entre la Chine et les USA, entraînera une hausse des prix de produits manufacturés sur les marchés africains, largement dépendant des importations.
Par ailleurs, elle soulève le fait, que la nouvelle de guerre de l’acier, heurtera encore les produits des minerais comme le fer, qui perdra en compétitivité sur le marché mondial.
L’économiste kényane Hannah Ryder estime qu’un des enjeux de cette guerre commerciale, c’est justement que l’escalade de barrières tarifaires entre la Chine et les USA, entraînera une hausse des prix de produits manufacturés sur les marchés africains
Sur le plan purement monétaire, le risque le plus évident est celui d’une inflation au sein de l’économie américaine. Si les ménages américains doivent payer plus cher pour acquérir certains biens, notamment en provenance de la Chine, cela risque de créer un cycle vicieux de hausse des prix et, en réaction à cette inflation, il y a un risque de hausses des taux par la réserve fédérale (banque centrale américaine).
Or pour faire face à la crise des matières premières de 2015 et 2016, de nombreux pays d’Afrique ont eu un recours massif à des emprunts extérieurs, et d’autres, en plus, ont procédé à des ajustements monétaires via des dévaluations. Une forte hausse des taux au sein de l’économie américaine, risque ainsi d’accentuer la fuite des capitaux, et de détériorer la situation extérieure déjà fragile des pays de la région.
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