Chaque année, quelques 13 millions de jeunes Africains arrivent sur le marché du travail, mais seuls 3 millions d'entre eux trouvent un emploi. Le nombre de jeunes Africains va doubler d'ici 2050, il devrait alors atteindre 840 millions, alors que les écoles et les universités du continent ne forment pas suffisamment de diplômés ayant les compétences techniques requises pour répondre au marché de l'emploi de demain. La Banque africaine de développement voudrait créer 25 millions d'emplois dans les 10 ans à venir dans le cadre de son projet Des emplois pour les jeunes en Afrique, mais on ne voit pas clairement comment ils vont apparaître. Pourtant un secteur est appelé à recruter, celui des énergies renouvelables.
Ce secteur – notamment en ce qui concerne la production d'électricité à petite échelle (comme les panneaux solaires sur les toits ou les toutes petites centrales) pourrait donner un sérieux coup de pouce à l'emploi. Nous avons calculé que jusqu'à 20% des créations d'emplois espérées par la Banque africaine de développement pourraient être liées directement ou indirectement au secteur de l'énergie solaire autonome, hors réseau.
La création d'emplois dans le secteur des énergies renouvelables est en pleine expansion, tandis que l'emploi dans la production d'électricité à partir d'énergie fossile est en déclin, essentiellement du fait de la fermeture des centrales à charbon. L'Afrique voulant parvenir à l'accès universel à l'électricité, elle devrait connaître la même tendance. Selon la Banque africaine de développement, environ 40% des nouvelles connections à l'électricité (75 millions de foyers) viendront de la production d'électricité hors réseau.
En Afrique, l'investissement dans la production d'énergie renouvelable décentralisée augmente, alors que 600 millions de personnes en Afrique sub-saharienne, essentiellement dans les zones rurales, n'ont pas encore accès à l'électricité. La leur fournir nécessitera de faire appel à un grand nombre de travailleurs qualifiés et d'entrepreneurs. Selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, l'électricité hors réseau pourrait créer plus de 4,5 millions d'emplois dans le monde ; mais seuls 76 000 ont été créés en Afrique, ce qui au niveau mondial représente moins de 1% des 10,3 millions d'emplois nouveaux dans les énergies renouvelables en 2017.
Bien gérée et financée, la révolution africaine des énergies renouvelables pourrait susciter des créations d'emplois dans d'autres secteurs. Une fois que les consommateurs africains auront l'électricité, ils voudront des appareils électroménagers et d'autres produits, ce qui créera de la demande pour de nouveaux services, et encore davantage d'opportunités d'emplois pour les travailleurs qualifiés.
Par ailleurs, l'électrification stimulera la croissance de petites et moyennes entreprises, les plus fragilisées quand l'électricité est chère ou le réseau peu fiable. La moitié des entreprises africaines possèdent ou partagent un générateur et considèrent l'électricité comme une contrainte majeure. Aussi des sources d'électricité décentralisées fonctionnant à partir d'énergie renouvelable amélioreraient la productivité et l'emploi dans les petites et moyennes entreprises. Les solutions hors réseaux favoriseraient la création de nouvelles entreprises, en particulier dans l'agriculture et contribuerait à leur rentabilité.
Un accès étendu aux énergies renouvelables permettrait aussi de réduire la pauvreté, de progresser vers l'égalité hommes-femmes, d'améliorer l'hygiène et de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ainsi que le disait l'ancien secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, une énergie propre et abordable est un élément essentiel pour parvenir aux Objectifs du développement durable fixés par l'ONU.
L'accès universel à l'électricité exigera une main d'œuvre qualifiée, alors que pour le moment l'Afrique en manque. Les entreprises qui travaillent dans le secteur des énergies renouvelables (comme la notre, M-KOPA, qui a plus de 800 salariés) ont déjà de la difficulté à recruter un personnel directement employable.
Presque partout en Afrique, la formation dans le secteur des énergies renouvelables laisse à désirer ; la création de compétences n'est pas une priorité. Il faudrait que cela change, et rapidement. Pour que l'Afrique de demain bénéficie d'une énergie propre, il faut de techniciens bien formés – et il faut les former dès à présent. Les partenariats public-privé comme celui auquel participe Schneider Electric ont permis de former un grand nombre d'électriciens dans le monde, mais très peu en Afrique.
Il y a deux ans, Akinwumi A. Adesina, le président de la Banque africaine de développement, regrettait que tant de pays africains forment les jeunes aux métiers d'hier et non à ceux de demain. Il faut inverser cette situation. Avec l'aide des Etats, des entreprises, de la société civile et des agences multilatérales, les énergies renouvelables peuvent faire plus qu'illuminer un continent, elles peuvent le mettre au travail.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz
Mugo Kibati est président de la société M-KOPA Solar. Gilles Vermot Desroches est directeur du développement durable de Schneider Electric.
© Project Syndicate 1995–2018
Ce secteur – notamment en ce qui concerne la production d'électricité à petite échelle (comme les panneaux solaires sur les toits ou les toutes petites centrales) pourrait donner un sérieux coup de pouce à l'emploi. Nous avons calculé que jusqu'à 20% des créations d'emplois espérées par la Banque africaine de développement pourraient être liées directement ou indirectement au secteur de l'énergie solaire autonome, hors réseau.
La création d'emplois dans le secteur des énergies renouvelables est en pleine expansion, tandis que l'emploi dans la production d'électricité à partir d'énergie fossile est en déclin, essentiellement du fait de la fermeture des centrales à charbon. L'Afrique voulant parvenir à l'accès universel à l'électricité, elle devrait connaître la même tendance. Selon la Banque africaine de développement, environ 40% des nouvelles connections à l'électricité (75 millions de foyers) viendront de la production d'électricité hors réseau.
En Afrique, l'investissement dans la production d'énergie renouvelable décentralisée augmente, alors que 600 millions de personnes en Afrique sub-saharienne, essentiellement dans les zones rurales, n'ont pas encore accès à l'électricité. La leur fournir nécessitera de faire appel à un grand nombre de travailleurs qualifiés et d'entrepreneurs. Selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, l'électricité hors réseau pourrait créer plus de 4,5 millions d'emplois dans le monde ; mais seuls 76 000 ont été créés en Afrique, ce qui au niveau mondial représente moins de 1% des 10,3 millions d'emplois nouveaux dans les énergies renouvelables en 2017.
Bien gérée et financée, la révolution africaine des énergies renouvelables pourrait susciter des créations d'emplois dans d'autres secteurs. Une fois que les consommateurs africains auront l'électricité, ils voudront des appareils électroménagers et d'autres produits, ce qui créera de la demande pour de nouveaux services, et encore davantage d'opportunités d'emplois pour les travailleurs qualifiés.
Par ailleurs, l'électrification stimulera la croissance de petites et moyennes entreprises, les plus fragilisées quand l'électricité est chère ou le réseau peu fiable. La moitié des entreprises africaines possèdent ou partagent un générateur et considèrent l'électricité comme une contrainte majeure. Aussi des sources d'électricité décentralisées fonctionnant à partir d'énergie renouvelable amélioreraient la productivité et l'emploi dans les petites et moyennes entreprises. Les solutions hors réseaux favoriseraient la création de nouvelles entreprises, en particulier dans l'agriculture et contribuerait à leur rentabilité.
Un accès étendu aux énergies renouvelables permettrait aussi de réduire la pauvreté, de progresser vers l'égalité hommes-femmes, d'améliorer l'hygiène et de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ainsi que le disait l'ancien secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, une énergie propre et abordable est un élément essentiel pour parvenir aux Objectifs du développement durable fixés par l'ONU.
L'accès universel à l'électricité exigera une main d'œuvre qualifiée, alors que pour le moment l'Afrique en manque. Les entreprises qui travaillent dans le secteur des énergies renouvelables (comme la notre, M-KOPA, qui a plus de 800 salariés) ont déjà de la difficulté à recruter un personnel directement employable.
Presque partout en Afrique, la formation dans le secteur des énergies renouvelables laisse à désirer ; la création de compétences n'est pas une priorité. Il faudrait que cela change, et rapidement. Pour que l'Afrique de demain bénéficie d'une énergie propre, il faut de techniciens bien formés – et il faut les former dès à présent. Les partenariats public-privé comme celui auquel participe Schneider Electric ont permis de former un grand nombre d'électriciens dans le monde, mais très peu en Afrique.
Il y a deux ans, Akinwumi A. Adesina, le président de la Banque africaine de développement, regrettait que tant de pays africains forment les jeunes aux métiers d'hier et non à ceux de demain. Il faut inverser cette situation. Avec l'aide des Etats, des entreprises, de la société civile et des agences multilatérales, les énergies renouvelables peuvent faire plus qu'illuminer un continent, elles peuvent le mettre au travail.
Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz
Mugo Kibati est président de la société M-KOPA Solar. Gilles Vermot Desroches est directeur du développement durable de Schneider Electric.
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