Sur le chemin escarpé de l'union monétaire, l'on peut en attendant d'y arriver, instaurer un pool de réserves extérieures destiné à la solidarité entre Etats communautaires. Petite précision historico-monétaire. Depuis la fin de la 1ere guerre mondiale, presque tous les pays ont décidé la non-convertibilité Or de leur monnaie, ce qui a pour conséquence la désindexation de l'émission monétaire du volume des réserves. Nul plus besoin de restreindre la création de monnaie au stock de réserves disponibles.
Cependant, le phénomène souvent observé au sein des pays africains, précisément ici au sein de la CEDEAO est leur extrême dépendance à la vigueur de leurs recettes d'exportations et donc de leurs réserves extérieures, dans la mesure où ces pays sont essentiellement vendeurs de matières premières et grands importateurs de produits manufacturés. Il suffit que la conjoncture internationale soit toussotante sur les commodities que ces pays commencent à bégayer financièrement. Moins de rentrées d'argent égal à moins de recettes budgétaires et surtout une diminution du stock de réserves extérieures pour faire face aux importations vitales pour ces économies.
Cette dernière, institution de secours d'un paquet d'Etats en difficultés assortit bien évidemment son assistance, d'obligations budgétaires afin de sortir les Etats concernés de l'impécuniosité. Il s'agit pourtant là clairement d'une perte de souveraineté face à une institution financière qui impose son droit de regard sur les choix budgétaires contre son secours. Entre la perte de souveraineté redoutée par les Etats rétifs à l'union monétaire et la perte de souveraineté subie face aux institutions de Bretton Woods, la voie la mieux indiquée, en attendant la solution idoine de l'union monétaire et économique est donc l'instauration d'un pool de réserves.
Les Etats bénéficiant d'avoirs extérieurs nets en grand positif pourront apporter leur assistance à ceux de leurs voisins en difficulté temporaire. Dans l'exemple cité plus haut, le Nigéria dans le cas où elle disposerait d'avoirs nets extérieurs en surplus viendrait, à des taux négociés, au secours de la Côte d'ivoire en proie à des tensions fonctionnelles, au lieu même que cette dernière ne s'en remette à Bretton Woods à des conditions souvent drastiques. Par cette coopération, le Nigéria élargirait son portefeuille de gestion des réserves et la Côte d'ivoire trouverait un allié solidaire dans sa passe difficile bien évidemment contre certains engagements.
Ce ne sont pas les meilleures conditions pour encourager le commerce intracommunautaire mais peu importe, aujourd'hui il faut trouver des alternatives. Le Ghana, pour faire face à la chute des prix du cacao mènera une politique monétaire expansive en abaissant ses taux de change afin de tirer le maximum de ses exportations. En face, le Cap-vert importateur de produits pétroliers relèvera ses taux de change afin de rendre ses importations soutenables. Ces deux politiques monétaires, guidées par des intérêts nationaux de deux pays partageant la même communauté qu'est la CEDEAO sera à l'origine de variations de prix pouvant aller du simple au triple ou plus, selon les taux de change fixés par les chacune de leurs banques centrales nationales.
Supposons qu'il existe un écart de flottaison de 15% entre le Naira et l'Escudo. Cela correspondrait à des variations de prix de l'ordre de 15% entre produits des deux pays, ce qui ferait qu'un commerçant cap-verdien faisant des affaires avec le Nigéria et dégageant une marge bénéficiaire de 15% verrait son bénéfice réduit à néant avec la conversion du Naira en Escudo. Aucun développement communautaire n'est possible dans de telles conditions.
La solution idoine afin de neutraliser ces écarts de fluctuation létaux pour les échanges est la monnaie unique. Mais avant d'en arriver là, il est tout à fait possible de mettre sur pied une galerie de fluctuation. Concrètement il s'agirait de définir un tunnel de variation des taux de change par chaque banque centrale, au-delà ou en deçà desquels il ne serait pas possible d'évoluer. Par exemple, il pourrait être fixé une galerie allant de 1,5% à 4,5% qui contiendrait les variations de prix dans ce canevas et mettrait fin aux effets sauvages des taux de changes disparates sur l'essor du commerce intracommunautaire.
Tido Adokou, Avocat
Afrique.latribune.fr
Cependant, le phénomène souvent observé au sein des pays africains, précisément ici au sein de la CEDEAO est leur extrême dépendance à la vigueur de leurs recettes d'exportations et donc de leurs réserves extérieures, dans la mesure où ces pays sont essentiellement vendeurs de matières premières et grands importateurs de produits manufacturés. Il suffit que la conjoncture internationale soit toussotante sur les commodities que ces pays commencent à bégayer financièrement. Moins de rentrées d'argent égal à moins de recettes budgétaires et surtout une diminution du stock de réserves extérieures pour faire face aux importations vitales pour ces économies.
Pool de réserves
Le système du pool de réserves peut s'avérer de ce point de vue intéressant. Il arrive que sur le front des matières premières, certaines se portent bien mieux que d'autres. Depuis la chute vertigineuse de fin 2014, le pétrole porté par les décisions de l'OPEP a repris des couleurs et a gagné jusqu'à 50% de valeur, plafonnant désormais autour de 80 dollars le baril. Dans le même temps, les cours du cacao restent désespérément bas. Rapportée à la zone ouest africaine, cette situation se traduira par un regain de forme des finances et des réserves extérieures d'un pays pétrolier comme le Nigéria quand la Côte d'Ivoire, poids lourd mondial des exportations de cacao se débattra face aux déficits et aux programmes d'ajustement du bien nommé FMI.Cette dernière, institution de secours d'un paquet d'Etats en difficultés assortit bien évidemment son assistance, d'obligations budgétaires afin de sortir les Etats concernés de l'impécuniosité. Il s'agit pourtant là clairement d'une perte de souveraineté face à une institution financière qui impose son droit de regard sur les choix budgétaires contre son secours. Entre la perte de souveraineté redoutée par les Etats rétifs à l'union monétaire et la perte de souveraineté subie face aux institutions de Bretton Woods, la voie la mieux indiquée, en attendant la solution idoine de l'union monétaire et économique est donc l'instauration d'un pool de réserves.
Les Etats bénéficiant d'avoirs extérieurs nets en grand positif pourront apporter leur assistance à ceux de leurs voisins en difficulté temporaire. Dans l'exemple cité plus haut, le Nigéria dans le cas où elle disposerait d'avoirs nets extérieurs en surplus viendrait, à des taux négociés, au secours de la Côte d'ivoire en proie à des tensions fonctionnelles, au lieu même que cette dernière ne s'en remette à Bretton Woods à des conditions souvent drastiques. Par cette coopération, le Nigéria élargirait son portefeuille de gestion des réserves et la Côte d'ivoire trouverait un allié solidaire dans sa passe difficile bien évidemment contre certains engagements.
Galerie de fluctuation
L'autre technique pouvant être mise en place en attendant l'arlésienne de l'union monétaire et économique est celle de la galerie de fluctuation. Sans union monétaire, chacun des pays de la zone CEDEAO garde bien évidemment sa monnaie nationale adossée à sa politique monétaire. Il en résulte que chacune de son côté détermine, pour ses besoins et intérêts nationaux, les conditions de la santé de son étalon national.Ce ne sont pas les meilleures conditions pour encourager le commerce intracommunautaire mais peu importe, aujourd'hui il faut trouver des alternatives. Le Ghana, pour faire face à la chute des prix du cacao mènera une politique monétaire expansive en abaissant ses taux de change afin de tirer le maximum de ses exportations. En face, le Cap-vert importateur de produits pétroliers relèvera ses taux de change afin de rendre ses importations soutenables. Ces deux politiques monétaires, guidées par des intérêts nationaux de deux pays partageant la même communauté qu'est la CEDEAO sera à l'origine de variations de prix pouvant aller du simple au triple ou plus, selon les taux de change fixés par les chacune de leurs banques centrales nationales.
Supposons qu'il existe un écart de flottaison de 15% entre le Naira et l'Escudo. Cela correspondrait à des variations de prix de l'ordre de 15% entre produits des deux pays, ce qui ferait qu'un commerçant cap-verdien faisant des affaires avec le Nigéria et dégageant une marge bénéficiaire de 15% verrait son bénéfice réduit à néant avec la conversion du Naira en Escudo. Aucun développement communautaire n'est possible dans de telles conditions.
La solution idoine afin de neutraliser ces écarts de fluctuation létaux pour les échanges est la monnaie unique. Mais avant d'en arriver là, il est tout à fait possible de mettre sur pied une galerie de fluctuation. Concrètement il s'agirait de définir un tunnel de variation des taux de change par chaque banque centrale, au-delà ou en deçà desquels il ne serait pas possible d'évoluer. Par exemple, il pourrait être fixé une galerie allant de 1,5% à 4,5% qui contiendrait les variations de prix dans ce canevas et mettrait fin aux effets sauvages des taux de changes disparates sur l'essor du commerce intracommunautaire.
Cherchent volonté commune
Ces deux mesures, le pool de réserves extérieures et la galerie de fluctuation sont assez simples à mettre en œuvre avec un minimum de volonté commune. Elles laissent à chacun le gouvernement de sa banque centrale, la détermination de sa politique monétaire, et partant de là, la fixation de sa politique économique et budgétaire. La démarche du pool serait la réponse au monde selon laquelle l'Afrique est capable de trouver des réponses endogènes à ses difficultés. Le tunnel de fluctuation des taux de change n'est en rien un abandon de souveraineté dans la mesure où les variations sont libres dans le cadre fixé. Il en va de l'organisation de toute vie commune de fixer et respecter des règles, discipline hors de laquelle toute communauté est désignée à l'échec certain.Tido Adokou, Avocat
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