Il faut industrialiser l’Afrique, c’est vrai mais dans quelles conditions ? Comment le faire ? Quels sont les préalables à respecter ? C’est là quelques-unes des grandes questions qui ont été abordées lors du panel de haut niveau qui s’est tenu aujourd’hui à la suite de la cérémonie d’ouverture officielle des 53 Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement, à Busan Corée du Sud. Lors de cette session qui a réuni les Premiers ministres marocains et rwandais ainsi que les présidents de la banque mondiale et de la banque africaine de développement, des positions parfois divergentes ont été notées de la part des panelistes concernant la question cruciale de l’industrialisation de l’Afrique. Les débats ont volé très hauts avec des querelles d’école très intéressantes.
Si pour le Dr Akinwumi Adesina, l’accélération de l’industrialisation de l’Afrique constitue une urgence, parce que soutient-il, elle permettra aux populations du continent de ne plus vivre dans la pauvreté, il est évident que ce mouvement vers l’atteinte de cette objectif doit précéder la satisfaction de certaines conditions. Sans lesquelles, l’industrialisation ne quittera point le domaine du rêve. Il s’agit particulièrement d’une bonne éducation. Un point sur lequel se rejoignent aussi bien le président de la banque mondiale que les premiers ministres rwandais et marocain. Pour Saâdeddine El Othmani, en effet, même si l’accent a été mis dans son pays, le Maroc sur l’extension des infrastructures dans les zones afin de faciliter l’intégration et l’installation d’unités industrielles, il reste constant qu’il faut pour développer l’industrie en Afrique avoir une main d’œuvre qualifiés et des cadres bien formés, de très haut niveau. Pour cela, il faudra mettre en place un système adéquat. Ce qui n’est pas souvent le cas en Afrique a déploré aussi bien le premier ministre rwandais que le président de la banque mondiale. Selon le patron de la banque mondiale, Jim Yong Kim, l’Afrique a encore beaucoup d’efforts à faire dans ce domaine.
Faisant la comparaison entre son pays d’origine, la Corée du Sud et les pays africains, il a informé que toutes les personnes qui tiennent les classes du secondaire en Corée du Sud ont un master ou un diplôme plus élevé. Ce qui n’est pas le cas dans plusieurs pays africains regrette-t-il. Cela déteint forcément sur le niveau des élèves qui fréquentent ce système éducatif. En résumé, des professeurs qui n’ont pas le niveau ne pourront sans doute pas former des élèves qui auront le niveau. Quant au Premier ministre rwandais, il a déploré le fait que l’éducation en Afrique soit encore académique alors que l’on est à l’ère du numérique. Il est convaincu que les pays africains doivent orienter leurs jeunes dans la formation professionnelle et technique.
Le président de la banque mondiale a en outre mis le doigt sur un point important qui caractérise ce processus d’accélération de l’industrialisation de l’Afrique. Pour lui, dans les années à venir, les faibles salaires ne seront plus un avantage concurrentiel. En vérité, avec l’utilisation de la robotique et la vitesse que l’on constate sur le plan de l’innovation technologique, il n’est pas sûr que ces milliers d’emplois que créent par exemple la Chine dans certains pays africains notamment dans les industries de textiles soient garanties. Pourtant des pays comme l’Ethiopie et le Sénégal récemment, semblent opter pour ces solutions afin résoudre leur problème d’emploi ou bien d’atteindre leurs objectifs dans ce domaine de l’emploi. En tout cas, l’exemple du Bangladesh a battu en brèche ce modèle.
Des programmes économiques éphémères
Décidément, ce panel de haut niveau était celui où il fallait toucher du doigt le mal profond qui empêche à l’Afrique de sortir de sa situation actuelle. Le président de la banque mondiale a identifié l’instabilité gouvernementale au niveau africain comme facteur de blocage de toute politique ou programme visant à sortir les pays africains de leur situation. A chaque moment, il y a changement de premier ministre a-t-il déploré. Chacun vient avec sa vision et met au tiroir la vision précédente. Ce qui conduit en réalité à un éternel recommencement. Dans de telles conditions, quelle que soit la pertinence du programme mis en place, il ne donnera jamais les résultats escomptés. C’est sans doute ce qu’il faut éviter dans cette volonté affichée d’industrialiser le continent. Un programme clair et partagé par toute une population a permis à la Corée où l’Afrique est venue pour s’inspirer , à l’occasion des Assemblées annuelles de la Bad, d’accomplir des pas de géants, en à peine 60 ans, pour aujourd’hui se positionner parmi les 11 premières économies au monde. Cette question de la stabilité gouvernementale souvent évité dans ces discussions est sans doute l’un des maux qui empêche l’Afrique de se développer. Pour preuve, la pluie de plans de développement sur le continent n’a pas arrosé les opinions des oppositions politiques, loin de là. Et il est certain que si ces dernières arrivent aux affaires à l’issue d’élections, la première chose qu’elles feront, c’est de les ranger aux tiroirs. Et ce sera sans doute valable pour les programmes de développement industriels.
L’industrialisation de l’Afrique avec comme modèle la Corée du Sud ne doit donc pas être une coquille vide, avec seulement des slogans creux. Elle doit être conforme aux réalités des pays africains et soutendues par une ferme volonté de tout mettre en œuvre, aussi bien sur le plan politique qu’éducationnel, pour ne pas rater le train de la 4ème révolution industrielle.
Ismaila BA, Oumar Nourou Envoyés spéciaux à Busan
Si pour le Dr Akinwumi Adesina, l’accélération de l’industrialisation de l’Afrique constitue une urgence, parce que soutient-il, elle permettra aux populations du continent de ne plus vivre dans la pauvreté, il est évident que ce mouvement vers l’atteinte de cette objectif doit précéder la satisfaction de certaines conditions. Sans lesquelles, l’industrialisation ne quittera point le domaine du rêve. Il s’agit particulièrement d’une bonne éducation. Un point sur lequel se rejoignent aussi bien le président de la banque mondiale que les premiers ministres rwandais et marocain. Pour Saâdeddine El Othmani, en effet, même si l’accent a été mis dans son pays, le Maroc sur l’extension des infrastructures dans les zones afin de faciliter l’intégration et l’installation d’unités industrielles, il reste constant qu’il faut pour développer l’industrie en Afrique avoir une main d’œuvre qualifiés et des cadres bien formés, de très haut niveau. Pour cela, il faudra mettre en place un système adéquat. Ce qui n’est pas souvent le cas en Afrique a déploré aussi bien le premier ministre rwandais que le président de la banque mondiale. Selon le patron de la banque mondiale, Jim Yong Kim, l’Afrique a encore beaucoup d’efforts à faire dans ce domaine.
Faisant la comparaison entre son pays d’origine, la Corée du Sud et les pays africains, il a informé que toutes les personnes qui tiennent les classes du secondaire en Corée du Sud ont un master ou un diplôme plus élevé. Ce qui n’est pas le cas dans plusieurs pays africains regrette-t-il. Cela déteint forcément sur le niveau des élèves qui fréquentent ce système éducatif. En résumé, des professeurs qui n’ont pas le niveau ne pourront sans doute pas former des élèves qui auront le niveau. Quant au Premier ministre rwandais, il a déploré le fait que l’éducation en Afrique soit encore académique alors que l’on est à l’ère du numérique. Il est convaincu que les pays africains doivent orienter leurs jeunes dans la formation professionnelle et technique.
Le président de la banque mondiale a en outre mis le doigt sur un point important qui caractérise ce processus d’accélération de l’industrialisation de l’Afrique. Pour lui, dans les années à venir, les faibles salaires ne seront plus un avantage concurrentiel. En vérité, avec l’utilisation de la robotique et la vitesse que l’on constate sur le plan de l’innovation technologique, il n’est pas sûr que ces milliers d’emplois que créent par exemple la Chine dans certains pays africains notamment dans les industries de textiles soient garanties. Pourtant des pays comme l’Ethiopie et le Sénégal récemment, semblent opter pour ces solutions afin résoudre leur problème d’emploi ou bien d’atteindre leurs objectifs dans ce domaine de l’emploi. En tout cas, l’exemple du Bangladesh a battu en brèche ce modèle.
Des programmes économiques éphémères
Décidément, ce panel de haut niveau était celui où il fallait toucher du doigt le mal profond qui empêche à l’Afrique de sortir de sa situation actuelle. Le président de la banque mondiale a identifié l’instabilité gouvernementale au niveau africain comme facteur de blocage de toute politique ou programme visant à sortir les pays africains de leur situation. A chaque moment, il y a changement de premier ministre a-t-il déploré. Chacun vient avec sa vision et met au tiroir la vision précédente. Ce qui conduit en réalité à un éternel recommencement. Dans de telles conditions, quelle que soit la pertinence du programme mis en place, il ne donnera jamais les résultats escomptés. C’est sans doute ce qu’il faut éviter dans cette volonté affichée d’industrialiser le continent. Un programme clair et partagé par toute une population a permis à la Corée où l’Afrique est venue pour s’inspirer , à l’occasion des Assemblées annuelles de la Bad, d’accomplir des pas de géants, en à peine 60 ans, pour aujourd’hui se positionner parmi les 11 premières économies au monde. Cette question de la stabilité gouvernementale souvent évité dans ces discussions est sans doute l’un des maux qui empêche l’Afrique de se développer. Pour preuve, la pluie de plans de développement sur le continent n’a pas arrosé les opinions des oppositions politiques, loin de là. Et il est certain que si ces dernières arrivent aux affaires à l’issue d’élections, la première chose qu’elles feront, c’est de les ranger aux tiroirs. Et ce sera sans doute valable pour les programmes de développement industriels.
L’industrialisation de l’Afrique avec comme modèle la Corée du Sud ne doit donc pas être une coquille vide, avec seulement des slogans creux. Elle doit être conforme aux réalités des pays africains et soutendues par une ferme volonté de tout mettre en œuvre, aussi bien sur le plan politique qu’éducationnel, pour ne pas rater le train de la 4ème révolution industrielle.
Ismaila BA, Oumar Nourou Envoyés spéciaux à Busan